Dans la série sur notre curiosité de praticiennes narratives vis à vis de nos ancien.ne.s stagiaires, nous avons rencontré Solange, soignante de lien, formée en 2021 lors de la 5ième promotion de Traversées Narratives à Lyon.

« Avoir rencontré les pratiques narratives m’a fait découvrir qu’on avait des histoires
préférées, avant j’avais un sac à histoires indifférenciées… Ça m’a vraiment fait prendre
conscience que les histoires ne sont pas toutes les mêmes, il y en a des plus chouettes que
d’autres et j’ai vraiment eu envie de m’y intéresser.
Avant je vivais des événements importants mais finalement je n’avais pas pris conscience
qu’ils appartenaient à une histoire, ce que je me racontais, c’était pour revenir à
l’événement, maintenant je pars de l’événement et je vois ce que j’en fais… Je suis actrice de
mon histoire ! Je lui apporte le sens que je veux. J’oriente cette histoire. J’interviens sur
cette histoire et ce n’est pas elle qui me détermine.
Mes histoires n’ont plus besoin de sac. Le sac contenait des événements reliés entre eux par
une histoire. Aujourd’hui ils ne sont plus perdus. L’approche narrative m’a vraiment permis
de comprendre que ces événements sont reliés entre eux et que je pouvais choisir le fil qui
les relit.
Comme l’histoire de être maman par exemple, être mère, avec l’importance que je donnais à
transmettre aux enfants, et d’autant plus en vieillissant… Et bien il n’y a pas que ça… mes
enfants m’apprennent plein de choses… Ça a changé ma représentation de cette histoire-là.
Ce que je croyais devoir faire s’est allégé. Ça m’enrichit en tant que personne et dans mon
rôle de mère. Je ne pensais pas que mes enfants allaient m’apprendre tant de choses si tôt,
qu’ils allaient me transmettre autant finalement.
Les pratiques narratives, c’est aussi être plus en lien.
Professionnellement ça a modifié ma posture d’écoutante. J’entends plus que le récit.
J’entends plus que ce qui est dit. J’entends cette histoire qui se parle et toutes les autres qui
sont cachées, comme autant de bouffées d’oxygène, c’est énorme, toutes ces histoires
invisibles qui sont là. Ces histoires qui n’ont pas encore été racontées.
Je regarde avec curiosité ce qui n’est pas dit. La curiosité n’est plus un vilain défaut !
J’aime bien aussi me questionner sur l’absent mais implicite comme par exemple avec cette
maman qui s’est entendue dire qu’elle « n’est pas une bonne maman ». Alors je la
questionne, « ce serait quoi être une bonne maman ? »…
Les pratiques narratives permettent de faire le tri des histoires qui nous constituent, de
pouvoir s’appuyer sur certaines histoires.
Je peux être un peu perçue comme une extraterrestre…
Quand j’exerçais comme assistante sociale, j’ai passé beaucoup de temps à dire aux gens ce
que je pensais qu’ils devaient faire. En me formant à la thérapie familiale systémique, je suis
sortie de cette attitude pour aller stimuler les compétences de la personne. Aujourd’hui,
avec les pratiques narratives, je vais à la découverte de la personne auteur de ses histoires
et actrice de sa vie, je contribue à remettre les personnes aux commandes ».
Et vis-à-vis de quelqu’un qui se demanderait s’il doit se former aux pratiques narratives
Solange répond : « Je l’encouragerais car pour moi c’est venu grandement modifier ma
pratique, c’est venu donner de l’espoir à ma pratique, avec les histoires préférées, j’ai
découvert des pépites C’est vraiment cette dimension d’espoir que ça apporte pour moi qui
est un plus considérable. Je tire des fils d’espoir qui sont comme des ballons de liberté qui
s’envolent. Je me reconnecte avec le possible de la liberté du choix.
Je ne réduis plus les gens à l’histoire qu’ils racontent, j’entends aussi ce qu’ils n’ont pas dit,
c’est cela l’espoir.
Une façon de regarder le monde de regarder la vie, je suis une soignante du lien qui relie ».
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